Hasard du calendrier, à Bordeaux deux symboles français étaient à l’honneur simultanément la semaine dernière : le vin et la recherche académique. Alors que se tenait l’inauguration de la Cité du vin, la ville accueillait également la finale française de l’événement « Ma Thèse en 180 secondes » (MT180).
Le principe est simple : des thésards de tous horizons (informatique, lettres, médecine, géographie…) présentent leurs travaux de recherche en 3 minutes top chrono. Ce concours de vulgarisation scientifique est né en Australie il y a 8 ans, puis décliné dans sa version française en 2012 à l’initiative de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) au Québec. Depuis, plusieurs pays francophones d’Europe et d’Afrique ont pris part à l’événement et tous disputeront la prochaine finale internationale MT180. Cette année, elle se déroulera le 29 septembre 2016 à Rabat.
Un décloisonnement du monde académique
Le concours « Ma Thèse en 180 secondes » s’inscrit dans la lignée des Conférences TED, qui ont suscité un fort engouement ces dernières années. La notion d’ »accessibilité » est primordiale, la démocratisation des connaissances passe par un contenu simplifié et diffusé largement.
Les équipes organisatrices de MT180 ont adopté une communication digitale efficace, se dotant d’un fil Twitter très suivi et d’un blog dédié. D’autre part, ils ont fait le choix de transmettre la finale en streaming sur le site MT180.
Et toutes les sciences sont mises en lumière ! A l’image des trois finalistes français cette année :
- Mathieu Buonafine a remporté le premier prix du jury avec sa thèse « Etude du rôle de la Neutrophil Gelatinase Associated Lipocalin dans les effets cardiovasculaires de l’activation du récepteur minéralocorticoïde »
- Bertrand Cochard a remporté le deuxième prix du jury ainsi que le Prix du Public lors de la finale nationale 2016 avec sa thèse « Réification, spectacle et imagification dans la philosophie de Guy Debord »
- Nicolas Urruty a remporté le troisième prix du jury lors de la finale nationale 2016 avec sa thèse : « Impact de la réduction des pesticides sur le rendement du blé »
Encourager les chercheurs à vulgariser leur thème de recherche rend la science plus accessible, permet à un public non-initié d’appréhender les enjeux scientifiques et sociétaux de demain. La lumière se fait plus grande sur des leviers de progrès concrets, et ceci nous apporte une dose d’optimisme en-sus !
Vulgariser pour s’insérer dans le monde professionnel
L’exercice MT180 est un peu à l’image des levées de fond pour les start-up, où les porteurs de projets sont amenés à convaincre un auditoire de business angels afin de bénéficier de leur appui financier. Dans une autre mesure, cette compétition permet de valoriser la recherche académique sur le plan international, et de faire rayonner les universités de l’hexagone par une autre approche que celle des classements.
Nous sommes bien loin du cliché éreinté du scientifique coincé dans sa bibliothèque ou représenté en véritable rat de laboratoire, le format MT180 est un exercice subtil nécessitant d’allier concision et techniques oratoires. Par le jeu de scène et l’emploi d’analogies, le spectateur sent du bout des doigts des sujets qui demeureraient inaccessibles sous forme d’articles scientifiques.
L’insertion des jeunes chercheurs dans le monde professionnel est aussi le fer de lance de l’association Bernard Grégory (ABG), qui organise un concours de pitch professionnel pour permettre à de jeunes docteurs ou doctorants en fin de thèse de se présenter efficacement en entretien réseau ou en entretien d’embauche. Les deux critères principaux sont :
- la capacité à parler de son expérience vécue (doctorat ou post-doc) en termes de résultats et les faire valoir.
- la capacité à se projeter dans l’avenir, c’est-à-dire : parler en termes de projet professionnel.
Le travail de vulgarisation constitue une étape importante dans le processus de recrutement à un poste de spécialiste. Le recruteur espère pouvoir appréhender le contenu scientifique des missions réalisées par son candidat, sans pour autant être doté du même bagage scientifique ou technique…
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